Bonjour, je relaye le message de Jean-Daniel Braun, Président de l’association ADIR.

Le rapport des experts du BRGM et de l’INERIS de février 2020 sur l’évènement de Strasbourg du 12 novembre 2019 contredit un certain nombre des propos soutenus par Fonroche. Nous proposons ci-dessous leur analyse.

Ce rapport est « basé sur les informations et les données (scientifiques ou techniques) portées à la connaissance des experts du BRGM et de l’INERIS. Les chercheurs de l’EOST, du KIT à Karlsruhe et de l’ES ont présentés leur travaux, méthodes, outils et retours d’expérience technique et scientifique en lien direct avec le sujet.

Dans la synthèse
Des experts : « Il apparaît néanmoins, à la lumière des données examinées et informations échangées, que ce modèle géologique local (celui de Fonroche) soulève des interrogations et ne peut être validé en l’état. La zone d’endommagement de la faille cible du doublet reste encore très mal définie et la faille N40/60 indiquée par Fonroche semble très incertaine.
Le modèle géologique de Fonroche a également des implications sur le modèle hydrogéologique utilisé, permettant d’expliquer à priori la mauvaise connexion hydraulique entre les puits GT1 et GT2 et les déséquilibres observés entre les volumes d’eau injectés et ceux produits entre mai et novembre 2019 »

Ces remarques viennent infirmer les dires de Fonroche qui prétend une très bonne connectivité entre les deux puits avant les demandes scientifiques suite aux évènements du 12 novembre 2019.

Le rapport

p21 à 24: Les cartes au 1/1 000 000 présentées, carte géologique de la France, position des failles extraites du modèle GEORG et carte des principales failles du fossé rhénan ne sont pas homogènes
entre elles. Leur échelle ne permet pas une exploitation directe et n’indique pas la profondeur des failles.

Le modèle structural local proposé par Fonroche n’est pas divulgué pour des raisons de propriété industrielle, car soi-disant, il permettrait à un concurrent d’accéder à la compréhension du fonctionnement du réservoir.

Les experts notent que la comparaison des directions structurales montre plusieurs points de divergence.

Concernant le mécanisme au foyer des séismes des 12 et 13 novembre 2019, « sur la base des résultats de l’EOST, l’hypothèse de Fonroche Géothermie sur le mouvement d’une faille N40 liée à l’essaim de Strasbourg doit donc être écartée »

En conclusion sur le modèle géologique local de Vendenheim les conclusions des experts : « De nombreuses questions demeurent encore sur le modèle géologique 3D de cette partie du bassin. Il est indispensable de mieux connaître la géologie 3D de cette zone pour pouvoir proposer un modèle hydrogéologique cohérent, c’est-à-dire la localisation des aquifères profonds, leur relation, la circulation de l’eau dans ces aquifères ou dans les zones fracturées, et finalement la
connexion possible entre les deux puits »

Le site géothermique de Vendenheim

« Les données de pression d’injection en tête de puits et de température du fluide ne sont pas disponibles. Or, l’arrêté préfectoral du 24 mars 2016 impose une limite de 100 bars sur les pressions d’injection ou de réinjection en tête de puits… La pression au réservoir mesurée par Fonroche est toujours inférieure à la pression en tête de puits, du fait des pertes de charge sur la colonne, de la pression artésienne, voire de la compressibilité du fluide…
La pression au réservoir a atteint une valeur maximale de 100,81 bars lors de l’injection en GT1… »

Il est clair que Fonroche n’a pas respecté les conditions de l’arrêté préfectoral et que la DREAL a failli dans sa mission de contrôle.

« Le différentiel important entre les volumes injectés et les volumes produits, implique qu’une quantité importante d’eau reste piégée dans le sous-sol (volume net injecté). On comptabilise 34 959 m³ pour GT1 et 61 875 m³ pour GT2, en prenant en compte toutes les opérations de 2018 à la fin 2019.

Pour que l’eau à 200°C ne se transforme pas en vapeur, il faut qu’elle soit soumise à une pression minimale de 15,5 bars. C’est donc le minimum de pression qui règne au niveau du pied de puits d’extraction au repos du fait du dégagement gazeux du magma. La pompe créée une dépression de l’ordre de 25 bars. L’injection s’effectue à près de 100 bars. Le différentiel s’établit ainsi au minimum à 125 bars, soit environ 1250 tonnes par m², pression qui s’exerce sur les roches. Cette pression s’équilibre si la connexion entre puits injecteur et puits producteur est bien assurée. Comme indiqué ci-dessus ce n’est pas le cas en l’espèce, d’importantes poches d’eau restent piégées et exercent cette pression sur leur environnement. Il ne faut pas s’étonner si cette énorme pression provoque des glissements entre les roches fracturées. L’équilibre s’établit dans le temps, ce qui pourrait expliquer les séismes après plusieurs jours d’arrêt.

« Le rapport d’installation et les informations sur le calibrage du réseau ( de capteurs sismiques) ne sont pas disponibles. Fonroche indique par ailleurs avoir réalisé à quelques occasions des tirs d’explosifs en forage, mais ceux-ci n’ont pas été enregistrés par le réseau, ce qui pose question »

La question doit être posée à la DREAL qui était censée contrôler le déroulement des forages.

En ce qui concerne la connexion hydraulique entre les puits et avec le système de failles, les experts notent « comment expliquer à la fois une montée en pression et une perte de l’eau injectée (ou fuite) ? Cela souligne les efforts nécessaires à faire dans la compréhension des écoulements dans le réservoir et dans la construction d’un modèle hydrogéologique »

En conclusion les experts notent :

« …des incertitudes importantes existent sur l’estimation de la réponse hydraulique du puits GT2 (dont le prolongement est en cours) et sur la future connexion hydraulique entre GT1 et GT2 »

Il ne semble pas que Fonroche ait développé la connaissance du milieu géologique et hydrogéologique avant de reprendre les essais pour vérifier la connexion entre les 2 puits. Dans ces conditions, comment a-t-on pu donner l’autorisation de reprendre les essais hydrauliques qui ont conduit aux événements de 2020 et 2021 ?

Complément :
Malgré une campagne d’acquisition coûteuse des données géologiques sur le site d’Illkirch par camions vibreurs, la connaissance du sous sol n’est pas suffisante pour réaliser un projet viable et sûr. Conformément aux communiqués financiers diffusés le 16 octobre et le 15 décembre 2020, le groupe Electricité de Strasbourg a déprécié des actifs de projets de géothermie profonde en cours ou à venir pour un montant de 29,8 M€. Les performances techniques du 1er puits d’Illkirch induisent en effet un risque de non recouvrement des montants engagés par des filiales du groupe ÉS.

Jean Daniel Braun
ADIR

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